Profonds Regrets: Grandes maladresses

Zo - November 27 2006, 1:07 PM

Haïti - cinéma: « Profonds regrets », grandes maladresses
Haiti Press Network 6 septembre 2006
By Vantz Brutus

Le réalisateur des longs-métrages « Le Choix de ma Vie » et « Au cÅ"ur du danger » a récidivé.

Mora Junior Etienne a tenu une nouvelle fois à s'imposer comme personnage principal dans son nouveau film « Profonds Regrets ».

Résultat: le jeune réalisateur s'est offert en spectacle avec beaucoup de maladresses ; à croire qu'il s'en veut à lui-même.

Le film: un jeune Haïtien Dario (Mora Junior Etienne) débarque aux Etats-Unis pour rejoindre sa copine Winodia (Fabienne Colas) à Miami.

Rejetée par sa mère, pour avoir repoussé les avances d'un homme susceptible de soutenir financièrement la famille, la fille trouve refuge chez une amie. Dario la retrouve et décide qu'ils vivront ensemble sous le même toit. Décision mal perçue par l'amie de Winodia qui rêvait de s'enrichir à ses dépens en l'entraînant vers une forme de prostitution.

Le couple se sépare après une machination de l'amie envieuse et chacun essaie de refaire sa vie.

Scénario bâclé

Déboussolé après la mort de Lia (Nice Simon), une nouvelle conquête, Dario revient à son premier amour mais découvre que Winodia (devenue millionnaire au Lotto), n'est plus libre.

De là: Profonds regrets.

Profonds regrets pour qui?

Je ne saurais le dire.

Pour comprendre les regrets de Dario, il ne serait pas gratuit d'avoir au moins une idée de l'intensité de sa relation avec Winodia.

Personne ne saura, jusqu'à la fin du film, s'il s'agissait d'un simple flirt ou d'une liaison sérieuse avec des projets au bout. Aucun indice.

Le scénario, plutôt cachotier, laisse le spectateur sur sa faim. Dario, lui-même n'est pas mieux servi.

Il ne saura même pas que sa rupture avec Winodia résulte d'un affreux stratagème. Malheureusement le scénario reste muet sur cet aspect.

Profonds regrets pour Fabienne peut-être?

Si on prend en compte un « tu es revenu trop tard » marmonné pour elle-même. Mais qu'a-t-elle à se reprocher, la pauvre, puisqu'elle a la preuve que son ex-copain n'est qu'une tête de mule apte à prendre des décisions importantes sur un coup de tête.

Le choix (si choix, il y a eu) de Mora Junior Etienne comme personnage principal est regrettable.

Il n'est pas crédible.

Comment comprendre que des sculptures humaines de la ligne de Winodia (Fabienne) et Lia (Nice) puissent se jeter dans les bras d'un mec sans le sous, loin d'avoir un look irrésistible - genre charmant, marrant, athlétique, sûr de lui -, si le scénario n'offre aucun mobile sérieux...

Dario n'a pas le verbe, il est maladroit et multiplie les gestes bizarres à l'écran, comme sa sempiternelle façon de hocher la tête, ponctuée d'un vilain rictus au bord du nez. Il frise l'agacement ! D'ailleurs, Les difficultés de Mora Junior Etienne à entrer dans la peau de Dario font beaucoup plus rigoler que le personnage lui-même.

Bon gré, mal gré les cinéphiles haïtiens font de leur mieux pour encourager la production locale.

A défaut de respecter leur public, les producteurs/réalisateurs devraient penser à leurs propres intérêts et faire des choix rationnels.

Un Junior Métellus ou un Ti Joe Zenny passerait nettement mieux dans le rôle de Dario et aurait peut-être assuré un certain succès pour le film.

Car, mis à part le jeu de Dario, le film souffre de plusieurs hoquets.

Le cadrage, le rythme...

Certaines scènes traînent trop en longueur comme celle où Tchouko (Ronsard St-Cyr) vire son employé ou encore l'autre dans laquelle Winodia célèbre son gain au loto (Fabienne est superbe d'émotion dans cette scène).

Mais trop de détails superflus ont survécu au montage.

Le drame social haïtien à l'écran

De toute façon, Mora Junior Etienne aura réussi à mettre sur grand écran un drame social marqué par le désespoir de la jeunesse haïtienne prête à tout pour fuir les difficultés socioéconomiques de son pays et trouver refuge aux Etats-Unis.

Dans cette quête de mieux-être, les jeunes ne se soucient guère des risques et des pièges qui les attendent.

« Profonds Regrets » illustre également les désillusions auxquelles font face les illégaux haïtiens et souligne merveilleusement le délitement des liens familiaux et la dissolution des valeurs morales à travers l'acculturation des immigrants haïtiens aux Etats-Unis

A lire dans le numéro 9 de Vues d'Haïti/Panoramag, disponible à HPN, 14, rue Lamarre Pétion-Ville - (509) 511 6555.

Vantz Brutus

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go watch those movies and let me know with one is...

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