Le Nouvelliste du 24 novembre 2006

Kulturmax - November 25 2006, 10:20 AM

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171; Player ½ »: du machisme ancestral

On est à Miami, le creuset des Haïtiens et des Latinos.

Un jeune haïtien, Jerry (Réginald Cangé), se dit hérité des capacités donjuanesques de son arrière-grand-père. Pour accomplir ses conquêtes, il consulte un vieux bouquin, «Les 101 secrets d'un Casanova», jauni par les injures du temps.

Il baratine un discours amoureux assez douteux, offre des fleurs et du vin. Rien de plus normal.

Et les filles, jeunes et moins jeunes, vieilles et moins vieilles lui tombent dessus comme des mouches.

Mais, au moment où il décide de ranger sa vie amoureuse tumultueuse avec Kimberly (Marie-Miracle Dossou), une fille de son harem disséminé dans la Floride, il entame, en cachette, une relation avec la grand-soeur (Nadège Telfort) qui a le diable dans les fesses.

Jusqu'au jour où Kimberly découvre que son Jerry la trompe avec sa propre soeur.

Après cette (grande) rupture, leur cousine qui vit en Californie Patricia (Michelle Judith Jeudy) se donne-- pour panser les bobos des deux filles et des autres qu'elle n'a pas connues-- mission de briser le coeur de notre Casanova en se mettant vite fait en ménage avec lui.

Player ½ de Hérold Israël est peut-être le premier long-métrage à traiter du machisme de l'homme haïtien.

Tableau sans fard et poignant, d'un coureur moderne, il réunit tous les filons du mélodrame.

Les acteurs Jean-Carlo (André Fouad) et Bony (Cliford Saint-Fleur) donnent la mesure de leurs talents.

Cantonnant leur rôle de pauvres branleurs, ils ne font pas trop d'efforts pour rester sur le fil du récit filmique qui, par ricochet, ne veut pas d'embûches.

Ici, tout est dit et fait sans détour.

Linéairement.

Platement.

Rien ne laisse pas l'ombre d'un doute sur la véracité de leurs personnages.

Hochements de tête crétins.

Visages graves de gars qui apprennent avec assiduité.

Tout au long du film, griffonnant les notes que notre homme à femmes les dicte, le nez dans son livre à recettes de réussite amoureuse, ils passent bien à l'écran.

Le revers de la médaille
Patricia (Michelle Judith Jeudy), personnage d'un jeu froid, cruel et versatile, entre dans le film et bascule la vie de Jerry qui devient dingue d'amour d'elle.

Le revers de la médaille.

Une terrible rançon. La mise en scène, en somme, bien qu'endimanchée et bourrée de fissures dans le passage d'une séquence à une autre, tient la route.

Cadrage moyen.

Manque de relief au niveau des images.

Par contre, les dialogues, branchés, émaillés de mots anglais et de rudiments de bouts de phrases francisées tiennent bien compte du lieu et de l'espace où l'histoire se déroule et des protagonistes en question.

Belles rigolades à l'haïtienne.

Sentiment d'appartenance à une nation, à un endroit où aller dans les mauvaises passes.

Même certains mets du pays d'origine peuvent représenter un bon atout dans ce film ou la conquête du coeur et du corps de l'Autre est le centre névralgique.

A ce titre, trouver l'âme soeur s'avère chose quasiment difficile pour tout homme qui n'est pas Jerry.

On retrouve, d'ailleurs, Bony user de tous les moyens pour conquérir une fille.

« Player ½ » de Hérold Israël finit sur un ton douteux.

Une rhétorique de la fin peu commune.

On ne sait pas ce qu'il advient de Jerry.

S'il pourrit dans un asile psychiatrique ou s'il avait rejoint sa dulcinée, sa femme fatale en Californie après que cette dernière l'ait plaqué à la fin de sa mission.

Marvin Victor
Marvin_victor [at] yahoo.com

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Ecoute l'histoire du film est parfait mais du point...

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